Chez un ébéniste

LA FORMATION PROFESSIONNELLE en Gruyère au milieu du XXème siècle

En 1938, Antoine, pourtant plein de désirs « d’ailleurs » finit par faire son apprentissage d’ébéniste chez son grand-père, dans son atelier de La Tour-de-Trême :

« Mon rêve, c’était d’être restaurateur de tableaux et de fresques, mais ma mère a un peu douché mon enthousiasme quand elle m’a dit : « Tu seras toujours loin… ». En bon fils unique, j’ai donc fait un apprentissage d’ébéniste chez mon grand-père. J’ai commencé en 1938, sur un établi à côté du sien. On était lui et moi.  Mon premier travail, je m’en souviens bien : enlever les fenêtres poussiéreuses de l’atelier et les porter à la fontaine pour les laver, pour voir clair, car c’était poussiéreux… J’ai trouvé ça bizarre comme premier travail, mais c’était comme ça. Ensuite, il m’a appris à aiguiser les scies, les ciseaux à bois et les racloirs, car savoir entretenir ses outils est très important pour un artisan. Par moments, je trouvais le travail décourageant. Je travaillais de 7 heures à midi et de 13 heures à 18 heures ; avec un demi-jour de cours professionnel par semaine à Bulle. En première année, je ne gagnais rien ; en 2ème, un franc par jour et en 3ème, deux francs. A la fin de mon apprentissage – d’une durée de 3 ans et demi –je devais réaliser une petite armoire à pharmacie durant les trois jours d’examen au Technicum de Fribourg. J’ai dormi à l’hôtel de « La Tête Noire » à la rue de Lausanne, et j’avais demandé au portier de me réveiller le matin. »